Récemment, je suis retournée au boulot.
Comme pour tout bon congé de maternité, prolongé ou non, à un moment donné, c'est terminé. Me replonger dans le monde des matières résiduelles, en environnement, dans quelque chose qui a tout plein de sens pour moi. M'adapter à tout ce qui a changé. Me mettre à jour, retrouver une vivacité d’esprit nécessaire, reprendre les cornes de dossiers qui m’importaient tant. Je disposais encore de quelques mois de congé sans solde, jusqu’en décembre en fait (mois dont je désirais profiter jusqu'à la dernière goutte). Toutefois, le retour au bureau plus tôt que prévu est devenu nécessaire avec un petit être dans mon ventre. Quelle chance on a de plonger un peu plus profondément dans cette aventure familiale.
Le retour au travail a coïncidé avec une fin de premier trimestre ardue, une grossesse avec ses défis et une saison de mariages qui achèvent. J'ai trouvé les derniers mois très difficiles. Une lourdeur me pesait sur les épaules. La recherche d’équilibre, de cohérence, de bien-être pour toute la famille dans cette nouvelle situation est rapidement devenue ma priorité. Je ne voyais pas très claire, la fatigue prenait le dessus.
Puis, chacun s’est adapté à son rythme, tranquillement. On a essayé différentes formules pour conserver un certain niveau de simplicité, de lenteur et d’apaisement de l’esprit et du cœur dans tout cela (tsé, #slowtoute). Je pense que, de façon générale, on réussit, les choses se placent. On a du temps en famille, du temps pour être, du temps pour cuisiner. Du temps pour creuser les citrouilles et jouer dehors. On ne dit pas trop de « dépêche-toi ». Les matinées où cette phrase est présente, on sait qu’on est sorti du rythme qui fonctionne pour nous et que, pour le bien-être de tous, on se doit d’y retourner. L'équilibre, c'est précaire, c'est un constant jeu d'ajustement. Ça évolue, ça change. Ce n'est pas une belle ligne droite.
La reconnaissance que j’ai face à tout ce que petit mari prend sur ses épaules est trop grande pour l’exprimer ici. Je sais que la fatigue (qui s’estompe tranquillement maintenant que je suis à 22 semaines et que je prends un petit produit qui fait des miracles pour moi - disponible à la Carotte Joyeuse) m’empêche d’exprimer toute ma gratitude à tous ceux qui nous épaulent durant cette période de transition. Merci, merci, merci. On continue les petits ajustements, mais je crois que notre rythme est établi. Je suis d’ailleurs en congé de projets de photographie (une des choses les plus difficiles pour moi à accepter), mais ça s’avère plus que nécessaire pour la santé de tous. Prendre du recul, me concentrer sur cette période et le petit garçon qui se joindra à nous à la fin du mois de février enrobent mon esprit.
Je sais. Certains diront « Prends sur toi, Eli, tout le monde est dans cette situation ». Tout le monde (maudit monde moderne) ou presque a des horaires remplis, tout le monde se sent à la course et cherche un sens à tout ça. « C’est comme ça, c’est tout ». Oui, pour plusieurs, la majorité des familles en fait, c’est ça. C’est ça qui est ça et les gens vivent bien avec ça. Plusieurs se nourrissent de petites courses, de petits sentiments d'urgence. Vous savez, un petit stress quand le travail s'accumule juste un petit peu, ça motive. Il n'y a rien de pire que s'ennuyer au travail, je suis d'accord. Personnellement, j'avais peur. Pourtant, j'aime travailler. J'aime travaillé et je n'ai pas arrêté de travailler (en photo) durant mes congés de maternité. N'empêche que j’ai eu beaucoup de difficulté dans cette transition car je désire profondément protéger et conserver notre simplicité et lenteur familiale le plus possible. Comment y arriver quand on n'est plus maître de son temps? Tout ça me fait réaliser à quel point tous et chacun perçoit la vie dans tous ses détails de façon très différente, très personnelle. Mon intention ici est de pousser ma réflexion personnelle, de partager, de discuter. Peut-être d'inspirer, de me sentir inspirée. Rien d'autre. Je n'ai pas les réponses.
Malgré ce début que j'ai trouvé très difficile, je réalise, après presque 2 mois, qu’avec quelques choix (comme de travailler un peu moins d'heures par semaine, de ne pas remplir les plages horaires familiales libres d'activités pour laisser la vie suivre son cours et s’allouer du temps pour jouer et cuisiner en masse ou de lire avant de faire dodo), nous y arrivons. Sans se sentir trop dans cette presse infernale moderne. Je me dis qu'on a trouvé notre équilibre quand on a le temps de respirer, de rigoler. Quand j'ai le temps de m'assoir par terre, un matin de boulot, pour consoler mon garçon ou lui sentir les cheveux.
Je me dis qu'on a encore du chemin à faire pour trouver notre équilibre quand la journée débute trop tard d'avoir trop flâner (car oui, des fois, on flâne le matin, merci proximité) et que tout d'un coup on réalise qu'on doit courir. Quand je pleure un peu trop souvent ou quand je ne suis plus capable de m'entendre dire - encore et encore - que je suis fatiguée. Je me dis que c'est pas tout à fait ça encore quand je ne suis pas capable d'offrir une expérience client de grande qualité en ce qui concerne ma photographie (désolée encore, chers clients, vous êtes tellement super et compréhensifs).
Comme tout le monde, à la maison ou ailleurs, on a des goulots d’étranglement, des moments clés dans notre routine où tout arrive en même temps et tous a un besoin urgent. C'est pour ces moments, ces quelques minutes où l'équilibre est si précaire que je travaille sur moi. Sur le calme que je peux conserver en moi. En respirant et en acceptant la situation plutôt qu’en me stressant (je travaille là-dessus!), notre calme, notre dynamique lente et douce demeure. Je vois tellement la différence quand je me laisse envahir par des émotions négatives durant ces moments. Je perds ma sensation de lenteur, et ce 5 minutes devient une éternité.
Comme quoi, beaucoup de tout cela se cache dans notre état d’esprit. Dans ce temps-là, je me répète cette image de Janet Lansbury : une roche dans la tempête. Le piller, l’ancrage. Ça aide tout le monde à revenir à bon port, moi la première. Retour au calme, au simple, au bien-être d’être, tout simplement.
Ça m’aide à être. À laisser le chaos momentané s’estomper. À ne pas sentir que je vis dans le chaos.
Je ne vis pas dans le chaos.